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31 août 2017

L'an 2000

J'étais boursière à Paris lorsque j'écrivis ce texte, très enfantin et très naïf - je le reconnais - mais c'est la femme-enfant qui parle là...

A quelques semaines du nouveau millénaire, par une froide nuit d'hiver et bien au chaud dans ma chambre de Maisons Alfort, je laissai ma plume exprimer mes appréhensions vis-à-vis de ces trois zéros que je ne parvenais pas à apprivoiser... 

 

(N.B. L'absence de ponctuation est voulue. Oui oui je me prenais pour Apollinaire!!! lol)

 

Combien de fois

Dans mon enfance

J'ai rêvé de l'an 2000

Ces trois zéros m'étonnaient

Et m'épouvantaient

A l'école on nous avait dit

Que l'an 2000

Serait une nouvelle ère

Comment si ces trois zéros

Pourraient anéantir le Passé

Et l'on recommencerait à compter

2001 2002 2003

Et les siècles antérieurs

Ne seraient que des lambeaux

Dans l'histoire de l'Humanité

Mais l'an 2000

L'an 2000 

L'an 2000 nous apporterait

Tout le confort qu'on n'avait pas

Et que l'on ne pouvait même pas imaginer

Et puis le soir

Dans mon lit

Je songeais à l'an 2000

L'an 2000

2000

Je revoyais ces trois zéros

Et je me sentais seule

Vide

J'imaginais une lumière blafarde

Voilant une immense fosse

Et lorsque je tentais de me persuader

Que quelque part

Au delà de cette fosse

Il y avait le Nouveau Monde

Je me sentais plus seule que jamais

J'aurais voulu courir de toutes mes forces

Aller retrouver Mon siècle

Et me jeter dans ses bras

J'aurais voulu lui dire

Que je l'aimais

Que je ne le laisserai pas mourir

Que je le défendrai contre ce putain de tic tac

Contre les assauts du temps

Et contre tous les zéros de l'univers

J'aurais voulu l'embrasser

Pour le rassurer

Pour me rassurer moi-même

Pour m'imprégner de son parfum

De sa chaleur

De son mille neuf-cents

Si familier

Si cher

Si Moi

 

Nous sommes à quelques semaines de l'an 2000

Rien n'a vraiment changé

Mais les gens croient que

Le jour de l'An

Quand l'horloge aura sonné Minuit

Et comme par un coup de baguette

Les murs se transformeront

Les ailes des oiseaux deviendront d'acier

Et de toutes parts

Des électrons jailliront

 

Moi j'attendrai

 

Et le lendemain

Lorsque je me serai réveillée

Dans mon lit bien chaud

Et qu'en ouvrant la fenêtre

Je verrai

Les oiseaux voler

Le soleil briller

La pluie tomber

Le monde chanter

Je ne pourrai retenir un sourire

Ni peut-être une larme d'émoi

Parce que mon siècle et moi

Aurons gagné

 

                                        (Y. S. décembre 1999) 

 

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