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20 avril 2022

"Ma" fontaine de Trevi

     La Fontaine de Trevi, sans doute la plus belle fontaine du monde et l’un des sites les plus visités et les plus admirés de la Ville Éternelle.

     Qui a été à Rome et n’est pas resté subjugué par la splendeur de son architecture et par la charge émotionnelle qui s’en dégage ? Soit. Mais lorsque cette prestigieuse pièce d’art devient cause de traumatismes qui nous habitent dès l’enfance et nous suivent jusqu’à l’âge adulte voilà que ça casse un peu le mythe, et je m’en excuse d’avance !

      Je devais avoir dix ou onze ans lorsqu’aux hasards d’une balade dans le centre de Rome en compagnie de ma maman, nous nous retrouvâmes devant la fameuse fontaine…Bien qu’originaires de Rome et l’ayant vue une infinité de fois, il est carrément impossible de ne pas s’arrêter, pour l’admirer une énième fois. Autant pressé qu’on puisse l’être, son magnétisme gagne toujours; et nous voici une fois de plus devant la magnifique fontaine, pourvues de pièces de monnaie car, habitant désormais de l’autre côté de la Méditerranée, il fallait repartir avec la certitude qu’on reviendrait à Rome ; et quoi de plus magique qu’une petite pièce de monnaie qui éclabousse l’eau de la fontaine, comme une musique sacrée et une promesse d’éternité ? 

     Le site, d’habitude bondé de touristes mais aussi de romains amoureux de leur ville, un peu comme nous, était ce soir-là presque désert, du moins c’est ce que ma mémoire me rapporte. La fontaine était donc plus solennelle que d’habitude. On pouvait entendre nettement le clapotis de l’eau et admirer toutes ses sculptures qui racontent l’histoire de Rome… Et c’est là que je fus saisie par une sensation inexplicable et que du haut de mes dix ans je compris que mon inconscient avait signé un pacte avec la fontaine de Trevi… 

     Cette nuit-là, je la revisitai en rêve, mais les retrouvailles ne furent pas cette fois-ci des plus joyeuses. Le site était complètement désert et plongé dans une obscurité déconcertante. Je pouvais repérer, dans la pénombre qui enveloppait la fontaine, le relief des statues qui me tendaient leur bras comme pour m’attirer vers elles. Le bruit de l’eau dans le noir accentuait l’angoisse, comme les effets sonores d’un film d’horreur. J’essayai de fuir mais j’étais figée, et les sculptures qui avaient revêtu un aspect terrifiant s’approchaient de plus en plus… La peur et l’impuissance montaient et, comme dans la plupart des rêves, le réveil nous vient au secours au moment du paroxysme. Ouf !! 

     Les années s’écoulèrent et l’adulte que je suis n’a jamais cessé de s’émerveiller devant cette magnifique œuvre d’art, mais à une condition près : il faut que je la voie dans la lumière du jour et que je sois bien entourée. Autrement, au diable la Fontaine de Trevi !!!

     Et du moment que les phobies d’adulte ont toutes comme source des traumatismes d’enfant il fallait que ça laissât une séquelle : la phobie du bruit de l’eau qui coule dans le noir. J’ignore si le nom scientifique existe ou si j’ai l’honneur de pouvoir donner mon nom à ladite phobie ! 

     Quelque quarante années plus tard je suis toujours incapable d’ouvrir un robinet dans le noir. Le bruit de l’eau qui coule me rappelle spontanément cette musique sinistre du cauchemar d’antan… Alors j’évite, tout simplement ; mais c’est sans prendre un compte le sort qui s’acharne, comme ce soir d’il y a cinq ou six ans, où une panne d’électricité me surprit en pleine douche !! si si !! 

     « Le cœur d’une femme est un océan de secrets », disait Rose dans Titanic ; j’ajouterais : "L’inconscient d’un adulte est une fontaine de Trevi !"

 

trevi

 

 

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