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Chemin faisant...
15 avril 2017

J'ai tort mais j'ai raison!

          Et si tout cela n’était que chimères ?

        Et si l’on passait sa vie à défendre des convictions qui n’ont pas lieu d’être, à agir en fonction de faits qui n’ont pas eu lieu, à concrétiser des concepts dont le contraire est tout aussi véridique ?

        Je suis lasse de me poser des questions, lasse de constater que tout, absolument tout, dans ce voyage tout aussi argumenté qu’est la vie, présente deux pôles antithétiques, deux voire plus visions contradictoires, deux facettes, deux vérités.

        Je n’en peux plus. Je me demande avec scepticisme si j’aurai le temps, avant de quitter ce monde, de confirmer au moins l’une des vérités qui me tiennent à cœur. Je dis « avec scepticisme » parce que je me rends compte que plus j’approfondis mes connaissances plus le dilemme s’amplifie. C’est compréhensible. L’ignorance et l’indifférence sont les deux meilleurs palliatifs qui soient. On ne connaît qu’une seule version de la chose, celle qu’on a apprise par le biais des autres ou des médias, ou celle qui nous a été léguée par nos parents, nos aïeuls ou nos aïeux. C’est la Vérité absolue, et tout va bien dans les meilleurs des mondes.

        Mais il se trouve qu’on soit parfois doté d’un esprit critique, qu’on ait tendance à interroger, à fouiller, à remettre en question. Et c’est là que le bât blesse : tout s’effondre !

        Non, je ne me vante pas ; bien au contraire. Sans vouloir faire l’éloge de l’indifférence combien de fois ai-je envié ces personnes qui profitent de la vie sans trop se demander si le monde qui les entoure est le fruit d’un big bang ou d’un souffle divin ; si la Shoah a vraiment fait six millions de victimes ou si la réalité s’est, d’une certaine façon, teintée de légende ; si les chambres à gaz d’Auschwitz ont réellement existé tel que l’ont décrites les rescapés ou si le mythe s’est alimenté de bouche en bouche au fil des années; si le kamikaze qui vient de se faire sauter a agi en fonction d’un trouble mental ou à partir d’une conviction qu’on lui aurait léguée et qu’il aurait religieusement respectée…

        On a beau se mettre en mode révisionniste, on a beau essayer de faire table rase des préjugés et essayer de reconstituer les faits ou reconsidérer la chose sous une lumière différente, l’issue n’en est que plus déroutante.

        Souvent, pour me réconforter, je me répète la phrase d’Aristote « Le doute est le début de la sagesse ». Sur le coup cela me rassure, mais, hélas ! Ce n’est que provisoire. Il suffit de prolonger un peu la réflexion ou la recherche pour que le doute et le scepticisme refassent surface. D’abord, je ne suis pas Aristote. La prétendue sagesse n’est valable que pour lui et ses semblables. En outre, même si certains dilemmes sont universels il faut convenir que l’accès à l’information diffère considérablement de nos jours. Je ne citerai que le Web, cet outil incroyable qui a facilité tant de choses et par ce fait même, a dévalorisé l’information. Il suffit de se faire une idée approximative du nombre des documents portant sur un sujet précis pour se rendre compte à quel point la vérité a tendance à se disperser. Non seulement à cause des sources et des informations peu fiables mais aussi pour l’infinité des points des vue avec preuves à l’appui qui, loin de favoriser le chercheur, le traînent dans un labyrinthe infernal.

        Un exemple : Tapez sur YouTube les mots « 11 septembre ». Sur les 20 vidéos proposées qui constituent le résultat de la première page, deux versions parfaitement équilibrées : celle qui en retrace le mémorial et celle qui privilégie le complot. Même si certains documentaires sont un peu simplistes et, par conséquent, faciles à écarter, bon nombre restent parfaitement convaincants et les preuves difficilement contestables surtout lorsqu’on est obligé de se contenter des moyens du bord. On est en pleine contradiction et on a beau vouloir compter sur nos facultés déductives et synthétiques pour essayer de s’en sortir, les points d’interrogation surgissent de toutes parts et l’on est englouti par la multiplicité des approches et des points de vue. Il en va de même pour le mot « Shoah » ou « Holocauste ».

        Je ne peux m’empêcher de me demander comment font certains pour adopter une position plutôt qu’une autre sans avoir vécu l’événement ou sans avoir des preuves irréfutables (Je me réfère évidemment aux thèmes polémiques car, généralement parlant, il est  honorable et légitime de privilégier un certain point de vue bien évidemment).  Le fait est que, à moins de savoir, il est carrément impossible de confirmer.

        Cette thèse est valable pour tout ce qui, dans l’histoire de l’Humanité, prête à polémique, et du moment qu’il existe peu de faits historiques  incontestables – encore qu’il y en ait ! – cela semble s’étendre à la totalité de notre existence. Lorsque je dis « histoire », je prends également en compte l’actualité, partant du fait qu’elle appartient désormais à l’histoire puisque le fait a déjà eu lieu.

        On est ainsi prisonnier de notre curiosité et de notre esprit de recherche. Plus on creuse, plus on s’engouffre. Et à moins d’avoir la chance de tomber sur le petit détail qui nous permette de dérouler le fil d’Ariane, c’est peine perdue ! Certes, il y a d’autres facteurs qui pourraient se révéler cruciaux : l’intuition, la culture générale, le degré d’intelligence, la connaissance du contexte, la vision empirique ; mais très souvent, ils ne fournissent qu’une vérité partielle laissant dans le noir ou dans le flou un ou plusieurs éléments.

        Et là on ne peut s’empêcher de se demander à quel point la version officielle de l’histoire laisse à désirer. Cette histoire qui a été écrite par les vainqueurs – on le sait – mais qui a également dû traverser de grandes étendues d’eaux incertaines avant d’arriver à bon port.

        Quelle mesquinerie finalement que cette Vérité pour laquelle on se bat quotidiennement aux quatre coins du globe, en en tirant des conclusions qui serviront d’hypothèse à d’autres raisonnements, à d’autres attitudes ou positions. Combien de personnes et combien de peuples ont dû être catalogués juste parce qu’on a décidé d’adopter un certain point de vue, qui est celui de notre société, de notre religion ou tout simplement, celui de nos parents ! Combien d’injustices ont-elles été commises au nom d’un préjugé ? Combien d’attitudes sectaires, racistes, intolérantes, méprisantes, réductrices ?

        Peut-être que la seule vérité absolue ici-bas c’est justement son inexistence. Les palestiniens ont raison de réclamer leur terre violée;  les israéliens ont raison de défendre la terre où ils sont nés. Les Occidentaux ont raison d’appréhender l’Islam dont le nom s’est fatalement mêlé aux actes terroristes, les musulmans ont raison de défendre leur religion qu’ils trouvent accusée à tort. Les chrétiens d’Egypte ont raison de se sentir persécutés et menacés, les musulmans d’Egypte ont raison de vouloir clamer leur innocence.

        Tout est légitime, ainsi que son contraire. C’est fou ! Et pourtant c’est la seule réalité qui semble avoir un sens…

        Je ne sais pas si j’aurai un jour l’opportunité de confirmer quoi que ce soit, mais je suis certaine au moins d’une chose : On a tous tort et on a tous raison. Ce qui n’est pas valable pour nous l’est aux yeux de certains, l’angle de vision n’est pas le même pour tout le monde et la perspective unique n’existe pas.

        Vive la tolérance et vive la différence qui n’est finalement que le revers de la médaille. 

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