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Chemin faisant...
7 septembre 2016

Rochefort-Sur-Mer

Tomber amoureux d'une ville? J'en ai fait l'expérience en 2005... au cours d'un séjour en France pour la documentation de ma thèse de Doctorat..

Rochefort... ville natale de Pierre Loti, l'auteur à qui j'ai consacré ma thèse... 

Onze ans plus tard, le charme est intact... le charme du coup de foudre associé à l'émotion du souvenir en ressortant ce texte des méandres de mon ancien ordinateur... 

J'aime ce texte!!!

 

         Peut-on tomber amoureux d’une ville ? Peut-on la regarder intensément, palpiter à chaque seconde qui passe, appréhender à ce point la séparation, tenter de capter le maximum de clichés mentaux, de façon à se persuader que l’écume des jours ne viendra pas assombrir ce visage rayonnant ?

         Est-ce un coup de foudre ? Est-ce le cœur qui revient à sa vraie nature jugulée par le poids des jours et les soucis de la vie quotidienne ? Est-ce un besoin des yeux, longtemps exposés aux lumières parisiennes et aux artifices de la capitale ?

         Est-ce simplement l’âme de Pierre Loti qui erre partout ici ? Depuis sa maison si « absolument lotienne », en passant par son nom qu’on perçoit à chaque pas : « Rue Pierre Loti », « Lycée Pierre Loti », « Presse Pierre Loti », « Librairie Pierre Loti », « Brasserie Pierre Loti »,  et jusqu’à la « Pizza Pierre Loti » et l’« escalope Pierre Loti » que j’ai eu l’occasion de déguster, prise par le charme de la situation et par la résonance d’un nom qui fait désormais partie de mon quotidien... 

         Quoi qu’il en soit, c’est le charisme d’un lieu qui me captive, qui m’ennivre, qui me confond au point de remettre en question mes canons de beauté ; la magie d’un nom qui n’était familier qu’à mon imaginaire: Rochefort,  ville natale de Pierre Loti, là où se trouve sa maison si amoureusement décrite dans ses livres, là où Loti vécut les moments les plus significatifs de son enfance, là où il a rassemblé les moments forts de son expérience d’adulte, de son pèlerinage autour de la planète, là où il a arrêté le cours du temps, où il a su – par des moyens qui n’appartiennent qu’à lui – éterniser l’instant. Et c’est là qu’on retrouve – intacte – l’essence d’un Julien Viaud qui fut d’abord un homme en chair et en os avant de devenir l’illustre Pierre Loti.

         Et voilà que, pour une fois, la réalité s’avère plus belle que les rêves. Rochefort a battu tous les records de mes attentes. Ce n’est pas uniquement Loti qui fait son charme; il y contribue, c’est certain; mais Rochefort ce n’est pas uniquement Loti, c’est une ville qui dégage un je-ne-sais-quoi de fier et de généreux, une ville sans ornements, sans artifices; une ville qui n’a rien à prouver, qui n’existe que pour le plaisir d’exister; une ville qui n’a pas été construite, mais qui s’est construite elle-même, par le souffle des rochefortais, comme un enfant entouré d’amour et de soins qui, jour après jour, s’épanouit tout en préservant sa personnalité.

         Rochefort ne peut appartenir qu’aux rochefortais. Entre la ville et sa population, il existe un cordon ombelical qui fait qu’ils se nourissent réciproquement, d’où cette fusion inexplicable. On ressent, chez les rochefortais, ce même air du large qu’on ressent vis-à-vis de la ville: air de l’infini dont on ne perçoit ni l’horizon ni les contours ; ils expriment cette joie de vivre, par des moyens simples et rudimentaires, par ce qu’il y a de plus inné – mais aussi de plus profond – chez l’être humain : les sentiments, les sens, le sourire, la parole, l’humour. Point de garnitures inutiles, point de piment-gâche-tout ; seul ce petit grain de sel qu’ils héritent de la mer, leur grande nourrice. 

         Quelques jours à Rochefort et le miracle se produit : j’ai du mal à m’en détacher. Et pourtant, un train me ramènera à Paris demain matin. Non que la ville Lumière m’inspire tout-à-coup répugnance et mépris ; ça serait renier une autre part de moi qui m’a souvent fait rêver. Non, c’est le chagrin de voir s’évaporer – inéluctablement – une histoire d’amour à peine commencée... 

         Reviendrai-je ? Je ne sais pas. Lorsqu’on rencontre l’âme sœur et qu’on l'abandonne, il y a peu de chance pour que le destin la remette de nouveau sur notre route, mais il y a la certitude que, entre les plis de la vie, il y aura toujours un rayon – même lointain – pour nous ramener vers les contrées les plus chaudes de notre cœur...

 

                                                                                                                               Y. S. (décembre 2005)

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Commentaires
Y
Merci pour tes mots ma belle. Je n'en mérite pas tant! <br /> <br /> Gros bisous!
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A
Toujours fidèle à toi même, ma chère Yasmine, avec ton regard qui est à la fois innocent et curieux de tout, tel un voyageur mais aussi qui a la sagesse du philosophe... T'es une vraie poétesse :)
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