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Chemin faisant...
23 mai 2013

La comédie de la vie

Le rideau se lève, voilà qu’on commence

Les spectateurs, attentifs, gardent le silence

Les yeux rivés vers cet espace sacré

Et dans la salle règne un calme singulier.

 

Les acteurs, sur scène, font leur apparition

Accueillis, un à un, par une acclamation.

L’émotion est au comble devant ce public

Epris et passionné d’art dramatique.

 

Mais voilà que soudain ils oublient la présence

Du monde extérieur et de leur propre existence.

Et dans cette terre étrangère ils ne connaissent rien

A part l'intrigue et leur foi de comédiens.

 

La pièce s’ouvre sur un décor bien banal:

Un intérieur de logis qui n’a rien d’anormal;

Une table, des chaises, à gauche un petit salon

Et puis ces quelques trucs épars dans les maisons.

 

Au fond, sur le divan, le héros est étendu.

On l’appellera Edmond, pour être reconnu.

A voir son visage et son air indifférent

On dirait que du monde il s’en fiche carrément.

 

Juste à côté, Sylvie, la femme d’Edmond,

Feuillette une revue vouée à l’abandon.

Elle tourne les pages sans rien voir;

Scénario qui se répète tous les soirs.

 

Nos deux héros, récemment mariés,

Sont par dix mille lieues séparés.

On peut lire l’ennui sur les visages

Des ces deux êtres vieillis avant l’âge.

 

Une radio, restée branchée par nonchalance

Diffuse des infos dépourvues d’importance

A tel point que nos deux auditeurs

Se noient dans leur silence intérieur

 

Cette langueur aurait pu encore durer

Si, pour une raison par nous tous ignorée,

Le speaker n’avait prononcé le nom du héros…

Là-dessus, Edmond se réveille en sursaut.

 

Il s’approche de la radio et y colle son oreille;

Sylvie, quant à elle, accourt à l’appareil;

Mari et femme se regardent ébahis

Croyant tous les deux à quelque plaisanterie.

 

Mais voilà qu’on annonce la formule gagnante:

23-17B-050

Et c’est ainsi qu’un billet banalement gratté

Les transporte au-delà d’un monde imaginé.

 

- Enfin, dit Edmond, je connaîtrai les plaisirs;

Je ferai le tour du monde en dépensant à loisir!

Je m’offrirai la voiture dont j’ai toujours rêvé

Toutes options, décapotable, bluetooth intégré.

 

J’aurai des maisons à Dallas et en Espagne;

Un châlet en Suisse et un autre en Allemagne;

L’été à Costa del Sol, l’hiver en Californie

Avec pour seul bagage ma carte de crédit !

 

- Et moi, dit Sylvie, je renaîtrai à la vie;

J’aurai des diamants, des perles et des rubis;

Fourrures de vison et rideaux Chaverny

Et de nouvelles robes signées Armani !

 

J’aurai une maison avec un jardin anglais;

Une cuisinière et des domestiques thaïlandais

Star de l’année, on parlera de moi

Dans Paris Match! Elle et Gala !

 

Edmond et Sylvie, encore incrédules,

Errent dans la pièce comme deux somnambules.

Et sur cette scène de rires et de larmes mêlés,

Se dénoue et prend fin l’Acte Premier.

 

Vous pouvez imaginer les changements profonds

Survenus sur la vie de Sylvie et d’Edmond.

Nous sauterons un acte pour ne pas vous ennuyer

Et douze mois se seront écoulés...

 

 

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La maison sobre au décor banal

Est transformée en une demeure impériale.

Partout on respire le luxe et la somptuosité;

Argenterie, statuettes et tableaux signés..

 

Nos deux héros se sont permis mille caprices

Et leur fortune est déposée dans les banques suisses

Mais dans le salon d’honneur, parmi le bronze et les bahuts

Edmond s’est assoupi et Sylvie feuillette une revue. 

 

                                                                                                                 Y.S. 1998 - Protégé par ©

rideaux

 

 

 

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